samedi 3 août 2013

DE L'INFLUENCE....JACQUES VACHE, ANDRE BRETON ET LE MOUVEMENT SURREALISTE

 
 
 
Jacques Vaché vers 1916 en uniforme de l'armée britannique
 
 
 
« Sans lui j'aurais peut-être été un poète ; il a déjoué en moi ce complot de forces obscures qui mène à se croire quelque chose d'aussi absurde qu'une vocation. »


Dans la même lettre du 30 janvier à Théodore Fraenkel, Breton joint un poème « Clé de sol » qui "transpose l'émotion qu['il a] éprouvée à l'annonce de la mort de Jacques Vaché".

Le 3 mars, il confie à Jean Paulhan qu'il vient de connaître "l'événement de [sa] vie le plus douloureux", ce qui l'oblige à porter une "cuirasse […] contre l'émotion".

Au mois d'août 1919, Breton regroupe en volume les « Lettres de guerre » et en écrit la préface : "Il y a des fleurs qui éclosent spécialement pour les articles nécrologiques dans les encriers. Cet homme fut mon ami."

La douleur de Breton est telle qu'il est persuadé que Vaché a consciemment orchestré son suicide. Au couturier Jacques Doucet, il écrit le 4 janvier 1921 : "Sa mort eut ceci d'admirable qu'elle peut passer pour accidentelle […] il voulut en disparaissant commettre […] une dernière fourberie drôle ". Breton reprend cette expression d'une lettre du 12 août 1918 de Vaché à Fraenkel : "Je rêve de bonnes excentricités bien senties, ou de quelque bonne fourberie drôle qui fasse beaucoup de morts…".

En 1940, dans l'« Anthologie de l'humour noir », Breton rapporte des propos tenus par Jacques Vaché quelques heures avant sa mort : « Je mourrai quand je voudrai mourir… Mais alors je mourrai avec quelqu'un… de préférence un de mes meilleurs amis ».

Toute sa vie, Breton n'a pu se résoudre à ne voir dans la mort de Jacques Vaché, qu'un banal accident. Il restera convaincu d'une dernière farce macabre commise par son ami. Ce dont doute Louis Aragon, Woynow et Pierre Lanoë, un ancien camarade de lycée de Vaché, avec qui il avait pris rendez-vous pour le 7 janvier.
La thèse du suicide soutenue par Breton repose sur sa conviction que Vaché savait exactement ce qu'il faisait, bien que son "expérience" quant à l'usage de la drogue n'a jamais été établie.
Pour lui, une mort inspirée par l'"umour" était la seule fin digne de son ami.
De même qu'il ne verra dans les circonstances de la découverte des corps nus allongés sur un lit, que les caractéristiques du dandy hautain, asexué et insensible aux tentations de la chair.
Il refusera d'envisager la moindre inclination à l'homosexualité de Vaché, Breton lui-même ne manquant pas de faire état d'une rare intolérance à cet égard.

Peut-être a-t-il forcé le trait en posant Jacques Vaché comme le précurseur du surréalisme.
Et même s'il proclame dans le « Manifeste du surréalisme » (1924) : « Jacques Vaché est surréaliste en moi. », dans la lettre du 4 janvier 1921, précitée, à Jacques Doucet, il présente les « Lettres de guerre » comme "une merveilleuse introduction à tout ce que recouvre […] l'étiquette Dada […]. Il y a là tous les manifestes qu'on voudra, pas une négation ne manque […] ».
 

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