mardi 20 août 2013

LAUTREAMONT OU LA RENCONTRE D'UNE MACHINE A COUDRE ET D'UN PARAPLUIE



Isidore Lucien Ducasse, né à Montevideo (Uruguay), le 4 avril 1846, et mort dans le 9eme arrondissement de Paris, le 24 novembre 1870, est un poète français. Il est également connu sous le pseudonyme de comte de Lautréamont, qu’il emprunta très probablement au Latréaumont d’Eugène Sue et qu'il n'utilisa pourtant qu'une seule fois.
Il est l'auteur des Chants de Maldoror, de deux fascicules, Poésies I et Poésies II, ainsi que d'une correspondance habituellement publiée sous le titre de Lettres, en appendice des œuvres précédentes[1]. Son œuvre compte parmi les plus fascinantes du XIXe siècle, d'autant plus que l'on a longtemps su très peu de choses sur son auteur, mort très jeune, à vingt-quatre ans, sans avoir reçu une once de succès de son vivant. Sa vie a donc donné lieu à de nombreuses conjectures, en particulier chez les surréalistes, qui essayaient notamment de trouver des éléments biographiques dans ses poèmes. Il faut donc faire la part entre les informations dont nous sommes sûrs, et la littérature qui s'est formée autour du personnage de Lautréamont.



 
 
 
André Breton évoque Ducasse plusieurs fois dans ses Manifestes du surréalisme : « Les types innombrables d’images surréalistes appelleraient une classification que, pour aujourd’hui, je ne me propose pas de tenter. [...] En voici, dans l’ordre, quelques exemples : Le rubis du Champagne. Lautréamont. Beau comme la loi de l’arrêt du développement de la poitrine chez les adultes dont la propension à la croissance n’est pas en rapport avec la quantité de molécules que leur organisme s’assimile. Lautréamont. »  Il dit aussi dans un entretien : « Pour nous, il n'y eut d'emblée pas de génie qui tînt devant celui de Lautréamont ».

De même, Wilfredo Lam a dessiné un projet de carte pour le Jeu de Marseille des surréalistes qui porte le nom "Lautréamont. Génie du rêve, étoile".

André Gide écrit en 1925 « J'estime que le plus beau titre de gloire du groupe qu'ont formé Breton, Aragon et Soupault, est d'avoir reconnu et proclamé l'importance littéraire et ultra-littéraire de l'admirable Lautréamont ».





Il me paraissait beau comme les deux longs filaments tentaculiformes d’un insecte ; ou plutôt, comme une inhumation précipitée ; ou encore, comme la loi de la reconstitution des organes mutilés ; et surtout, comme un liquide éminemment putrescible !
Le grand-duc de Virginie, beau comme un mémoire sur la courbe que décrit un chien courant après son maître, s’enfonça dans les crevasses d’un couvent en ruines. Le vautour des agneaux, beau comme la loi de l’arrêt de développement de la poitrine chez les adultes dont la propension à la croissance n’est pas en rapport avec la quantité de molécules que leur organisme s’assimile, se perdit dans les hautes couches de l’atmosphère.
Le scarabée, beau comme le tremblement des mains dans l’alcoolisme, disparaissait à l’horizon.
Il est beau comme la rétractilité des serres des oiseaux rapaces ; ou plutôt, comme ce piège à rats perpétuel, toujours retendu par l’animal pris, qui peut prendre seul des rongeurs indéfiniment, et fonctionner même caché sous la paille ; et surtout, comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie !
  
Lautréamont, Les Chants de Maldoror
 
 
 
 

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