dimanche 18 août 2013

REMEDIOS VARO (1908-1961) II

 
 
 
REMEDIOS VARO-1935 COMPOSICION
 
Comme pour les cadavres exquis qu'elle réalise à la même époque, Remedios Varo nous parle dans ce dessin des mutations et transformations qui constitue l'essence de la poétique surréaliste.
 
 

 
REMEDIOS VARO-1935 Discuten la madre del nino y la raptora (collage)
 
 


 
REMEDIOS VARO-1935 LA LECON D'ANATOMIE (COLLAGE)
 
Ce collage d’obédience surréaliste a été réalisé avec dix autres (dont La Traversée, Le Message, Pianiste masqué, Famille de cygnes ) à Barcelone, où Remedios Varo, qui vit depuis déjà trois ans avec le peintre Esteban Francés, peint ses premiers tableaux.
 
L’esprit des collages Dada de Max Ernst, qui avaient fait sensation à la librairie du Sans Pareil à Paris en 1921, celui des collages de La Femme 100 têtes, publiés par le même en 1929, est repris mais remodelé. Remedios Varo en garde le répertoire, facteur de dépaysement – elle utilise, comme Ernst, des reproductions de planches d’anatomie du XIXe (bustes d’hommes, portraits d’identité, radiographies de poumons, gros plan d’un poumon « recomposé »), joue également sur les différences d’échelle ; mais, contrairement à Ernst, qui n’exploite que le collage de papiers et crée une image nouvelle unifiée, elle introduit à un travail subtil de gouache (noire, grise, blanche) pour renforcer encore l’effet de perturbation : est peint ce qui semble un collage de papier blanc, dont les formes serpentines (qui font songer à une flaque de sang) donnent l’illusion d’être trouées ici par la gouache noire, là par des collages d’yeux. Ces procédés – effet de découpage surimposé à l’image, amalgame vrai collage/faux collage – ont été largement utilisés par Magritte comme moyens de morcellement et de dérèglement du réel : sans doute étaient-ils connus de l’artiste catalane, parfaitement au fait de l’art surréaliste qui était produit en France et en Belgique (en décembre 1934 a paru le numéro spécial de D’Aci e d’Alla consacré au surréalisme).
 
Le résultat ménage la surprise d’un jeu de magie, opérant sur la modification du regard, qui glisse de l’examen clinique radiographique à une vision fascinée du monde organique. L’humour n’est pas absent : la présence des yeux retourne l’inquisition de cette leçon d’anatomie sur le corps du spectateur de l’œuvre.
L’investissement de Varo dans le champ du surréalisme sera définitif : en mai 1936, elle participe, avec Carbonell, Cristófol, Ferrant, Francés, Marinel.lo, Planells, entre autres, à l’« Exposition du Groupe logicophobiste » organisée par l’Adlan (« Amics de l’art nou »), à la galerie Catalonia de Josep Dalmau ; elle rencontre cette année-là Paul Eluard, venu à Barcelone faire des conférences sur le surréalisme et sur Picasso, et se lie à Óscar Domínguez et à Marcel Jean, avec qui elle dessine des cadavres exquis. Au début de la guerre civile, elle rencontre Benjamin Péret, alors engagé aux côtés des milices révolutionnaires, qui l’incite aussitôt à gagner Paris ; mariée avec le poète, elle rejoindra le groupe surréaliste à Marseille, d’où elle gagnera le Mexique.
Référence bibliographique :
Remedios Varo. Arte y literature, cat. exp., E. Guigon (dir.), musée de Terruel, 1991.
 
 

 
REMEDIOS VARO-1935 LABIOS
 
 
 
 

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