Musée de la Photographie
11, avenue Paul Pastur
6032 Charleroi
28 septembre 2013 au 19 janvier 2014
Marcel Mariën, le passager clandestin
Depuis qu’en 1937, brisant ses lunettes, il en rassemble les branches autour d’un seul verre créant L’introuvable, l’une de ses œuvres les plus connues, Marcel Mariën aura exaucé en une très large part le vœu de son ami Paul Nougé – la tête pensante du surréalisme en Belgique – qui réclamait la création de «sentiments nouveaux». Réalisant nombre de collages, de photographies, d’assemblages suscitant tour à tour le rire, le scandale, le plaisir ou l’émotion poétique, Mariën aura su tirer de l’image et de l’objet des possibilités jusque-là insoupçonnées. Né à Anvers d’un père flamand et d’une mère wallonne (et vice-versa, précisait-il), Mariën développa dès ses premiers contacts avec René Magritte et le groupe surréaliste de Bruxelles une activité d’éditeur, de photographe, d’assemblagiste, de poète, de cinéaste et de collagiste, refusant délibérément de privilégier une discipline ou un matériau, seul comptant pour lui l’efficacité du propos, hors de toute préoccupation esthétique, de toute concession formelle. Témoignant de la vigueur de la seconde génération du surréalisme, Marcel Mariën en incarna durant plus de cinquante ans la pérennité et en fut à la fois l’acteur et l’historien, le juge et le témoin à charge, le dynamiteur également, pourfendant les imposteurs et les usurpateurs. Ami intime de Nougé, dont il fit obstinément connaître les écrits et reconnaître le rôle capital, et de Magritte, prolongeant leur démarche et leur esprit, il se brouillera cependant avec le peintre en publiant le tract Grande Baisse confectionné en 1962 avec son complice Leo Dohmen. En 1959, avec des moyens limités et le concours de bénévoles, Mariën réalise le seul film belge authentiquement surréaliste L’Imitation du cinéma, qui sera censuré en Belgique et interdit en France. Il séjournera ensuite aux Etats-Unis et en Chine communiste, dénonçant à son retour le caractère totalitaire du régime maoïste. Connaissant en 1967 sa première exposition personnelle à Bruxelles, la première d’une longue série, il poursuivra son activité au travers de la revue Les Lèvres nues fondée en 1954 et des éditions du même nom, éditant, outre ses propres créations, les textes essentiels du surréalisme en Belgique, en révélant toute la singularité. Marcel Mariën est décédé il y a vingt ans, le 19 septembre 1993. Loin de se vouloir rétrospective, l’exposition du Musée de la Photographie de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Charleroi abordera les diverses pratiques de Marcel Mariën, faisant la part belle aux photographies dont les plus anciennes sont demeurées longtemps inconnues. L’exposition est accompagnée d’un ouvrage «Marcel Mariën, Le passager clandestin» écrit par Xavier Canonne, directeur du Musée de la Photographie et commissaire de l’exposition, qui fut un intime de Marcel Mariën. L’ouvrage qui paraîtra aux éditions Pandora à Anvers comportera 460 pages reprenant plus de 700 illustrations et sera disponible en deux versions, française et anglaise.
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