dimanche 3 mars 2013

FERNAND LEGER ET DUDLEY MURPHY-BALLET MECANIQUE 1924


«L'erreur picturale, c'est le sujet. L'erreur du cinéma, c'est le scénario. Dégagé de ce poids négatif, le cinéma peut devenir le gigantesque microscope des choses jamais vues et jamais ressenties.»
Fernard Léger, «peinture et cinéma», Les Cahiers du mois, Paris, 1925.

Fernand Léger et Dudley Murphy réalisèrent Ballet mécanique en 1924, avec la participation de Man Ray à la caméra. Le film possède un autre titre, Charlot présente le ballet mécanique, Charlot étant le patronyme d'André Charlot, producteur du film, et devait utiliser la partition de George Antheil. Cependant, il n'y eu quasiment pas de coordination entre les différents créateurs de l'œuvre et finalement la partition ne correspondit pas au film. Actuellement, le film et le ballet sont considérés comme étant deux œuvres distinctes.

Illustration musicale : Michael Nyman
 
"Tout de contrastes violents et de rythmes saccadés, Ballet mécanique se veut miroir fidèle de la vie réelle, non pas simplement limitée à son apparence perçue, mais intégrant toute la complexité de la Psyché humaine avec ses obsessions, ses fantasmes, ses rêves et ses cauchemars. Par l’inversion ou le renversement d’images déjà vues, par la répétition obsessionnelles de certains motifs (comme la lavandière gravissant quelques marches chargée d’un lourd ballot ou l’annonce «on a volé un collier de 5 millions»), par l’insertion brusque d’éléments hétéroclites qui disparaissent aussi rapidement qu’ils sont apparus (articles de journaux, canotier, souliers, formes abstraites, propres toiles de Léger, etc.), Ballet mécanique imprime dans la rétine du spectateur un monde d’images foisonnant, asséné à un rythme effréné, tantôt brutal, tantôt à la limite du subliminal. Paradoxalement, ce monde n’est pas d’abord celui de la vie moderne. Il renvoie à l’enfance, à la source, au premier émerveillement. Enfance du spectateur, enfance de Léger sans doute et enfance du cinéma lui-même, comme l’a très finement noté Stéfani de Loppinot: «L’émerveillement face aux gros plans fait penser aux premières projections de lanterne magique, les effets de prisme au Kaléidoscope, les flickers des photogrammes (chapeau/chaussure) au thaumatrope, les boucles saccadées aux bandes de zootrope et aux disques de phénakistiscope qui avaient précisément pour motifs favoris des rouages de machines et de petits bonshommes coupés dans leur élan, condamnés à remonter sans cesse une trop haute échelle.»"
 
 Joël Daire
Catalogue des restaurations et tirages de la Cinémathèque Francaise

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