Les scènes de rêve/hallucination ont été dessinées par Salvador Dalí. Selon le témoignage d'Ingrid Bergman donné dans la biographie de Donald Spoto, The Dark Side of Genius (1983), la scène de rêve durait originellement 20 minutes environ. L'actrice se changeait en statue de Diane. Le producteur David O. Selznick, qui détestait les conceptions de Dalí, décida de minimiser la scène de rêve.
"Spellbound est une tentative d'accoucher du premier film purement psychanalytique. À sa sortie en 1944, André Breton a rédigé un premier Manifeste du surréalisme depuis vingt ans déjà et le père de la psychanalyse Sigmund Freud est mort il y a de cela cinq ans. Cependant, leurs découvertes et leurs théories ne font que commencer à envahir la conscience collective. Au sein de cette vague de réflexions sur le sexe et les rêves, les lubies d'Alfred Hitchcock deviennent plus pertinentes que jamais. Ses ambitions se précisent pour Spellbound. Il désire réaliser un suspense autour de son sujet de prédilection, l'homme injustement accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, se déroulant dans une institution psychiatrique. Mais, surtout, il veut l'aide de Salvador Dali pour concevoir des séquences oniriques d'inspiration surréaliste d'un raffinement sans précédent.
Si ce fameux segment d'à peine quelques minutes est encore reconnu de nos jours, le film dont il est tiré n'est pas le plus réputé du canon hitchcockien pour de bonnes raisons. Désirant présenter une oeuvre crédible et authentique basée sur certaines percées scientifiques de son époque, Hitchcock étouffe quelque peu son légendaire aboutissement technique au profit d'innombrables dialogues didactiques et plaqués. Se faisant, le réalisateur frôle par moment ce qu'il déteste plus que tout au monde c'est-à-dire le cinéma en tant que «photographie de gens qui parlent»."
Alexandre Fontaine Rousseau
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"Quand nous sommes arrivés aux séquences de rêve, j'ai voulu absolument rompre avec la tradition des rêves de cinéma qui sont habituellement brumeux et confus, avec l'écran qui tremble, etc. J'ai demandé à Selznick de s'assurer la collaboration de Salvador Dali. Selznick a accepté mais je suis convaincu qu'il a pensé que je voulais Dali à cause de la publicité que cela nous ferait. La seule raison était ma volonté d'obtenir des rêves très visuels avec des traits aigus et clairs, dans une image plus claire que celle du film justement. Je voulais Dali à cause de l'aspect aigu de son architecture - Chirico est très semblable - les longues ombres, l'infini des distances, les lignes qui convergent vers la perspective… les visages sans forme…
Naturellement, Dali a inventé des choses assez étranges qu'il n'a pas été possible de réaliser.. J'étais anxieux parce que la production ne voulait pas faire certaines dépenses. J'aurais voulu tourner les rêves de Dali en extérieurs afin que tout soit inondé de lumière et devienne terriblement aigu, mais on m'a refusé cela et j'ai du tourner en studio."
"Le cinéma selon Hitchcock" de Truffaut
SALVADOR DALI 1944-ETUDE POUR SPELLBOUND-ALFRED HITCHCOCK
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